Clinamen ou la poésie de l’imprévisible
- robinduc-photo
- il y a 2 jours
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Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler d'une exposition que j'ai adoré et que je vous invite à aller voir.
« C’est l’imprévisibilité des éléments qui m’intéresse »
Cette phrase de Céleste Boursier-Mougenot m’a marqué lors de sa présentation de Clinamen, l’installation monumentale actuellement visible à la Bourse de Commerce – Pinault Collection.
Au centre de la rotonde, un bassin circulaire abrite des dizaines de bols en porcelaine flottant sur l’eau. Mis en mouvement par un léger courant invisible, ils dérivent, se croisent, se heurtent, produisant une musique fragile et aléatoire. Rien n’est écrit, rien n’est répété : chaque instant devient unique, chaque son disparaît aussitôt qu’il naît, dans ce lieu incroyable. Et si vous ne l’avez jamais visité, c’est peut-être le bon moment.
L’instant qui ne reviendra pas
Le terme clinamen, emprunté à la philosophie antique, désigne la déviation imprévisible des atomes dans leur chute. C’est ce léger décalage qui, selon Épicure et Lucrèce, rend possible la rencontre, l’imprévu, la vie. Chez Boursier-Mougenot, ce « détour du hasard » devient audible.
Dans cet espace circulaire, sous la coupole de verre, on assiste à une partition mouvante où la beauté naît précisément de ce qu’on ne peut ni contrôler ni rejouer. L’œuvre nous rappelle que l’art, comme l’existence, se tisse d’instants fragiles et irrépétables.
Et la photographie dans tout ça ?
Face à cette expérience sonore et visuelle, j’ai voulu traduire ce que l’oreille perçoit : les vibrations des bols, le frisson de l’eau, la résonance du lieu… et en même temps, ce calme presque méditatif qui s’en dégage. J’ai choisi un temps d’exposition long — un procédé classique, peut-être même trop évident, mais que j’utilise régulièrement. Ici, il ne s’agit pas seulement d’un effet : il prolonge l’expérience, en lui donnant une douceur et une poésie que j'aime, tout simplement.
Ce qui m’a touché dans cette œuvre, c’est qu’elle nous réapprend à écouter et à regarder l’instant pour ce qu’il est : fragile, fugace. Ni plus ni moins que notre propre existence.
Robin D.


Clinamen, jusqu'au 21 septembre 2025 à la Bourse de Commerce – Pinault Collection.
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